Sunday, 12 August 2012

Death of Time. Orson Welles. The Magnificent Ambersons




presentation by Corry Shores
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Death of Time
Orson Welles
The Magnificent Ambersons


Orson Welles. The Magnificent Ambersons

Gilles Deleuze

Cinema 2: The Time Image
Cinéma 2: L'image-temps

Ch.5 Peaks of Present and Sheets of Past: Fourth Commentary on Bergson
Pointes de présent et nappes de passé


2c
Metaphysics of Memory: Useless Summonable Recollections (Recollection-Images), unsummonable recollections (hallucinations)
Métaphysique de la mémoire : les souvenirs évocables inutiles (images-souvenir), les souvenirs inévocables (hallucinations)


In The Magnificent Ambersons, it is no longer a suspicion induced by the singularity 'Rosebud' but a certainty which crashes headlong into the whole. The sheets of past can still be evoked and summoned: Isabelle's marriage of pride, George's childhood, his youth, the Amberson family. . . But the images that are drawn from these are now quite useless because they can no longer be inserted into a present which would extend them into action: the town has been so transformed, the new motivity of cars has replaced that of carriages, the present has changed so profoundly that the recollections can no longer be used. This is why the film does not begin with a death, but with a commentary which precedes any image, and which finds its conclusion at the moment when the fall of the family has taken place: 'It is done, but those who wanted to be present were dead, and those who were alive had forgotten the man and what they wanted.' The recollections have lost all extension, now being useless even to give pleasure to the prophets and vengeance-seekers. The infiltration of death is so complete that there is no longer a need for a death at the beginning. All the evocations coincide with deaths, and every death coincides with the sublime death of the major, in the course of the film: 'He knew that he had to prepare himself for entering an unknown region where he wasn't even sure of being recognized as an Amberson.' [Deleuze Cinema 2, 1989: 108bc.d]

Dans « La splendeur des Amberson », ce n’est plus un soupçon induit par la singularité « Rosebud », c’est une | certitude qui frappe de plein fouet l’ensemble. Les nappes de passé sont encore évocables et évoquées : le mariage d’orgueil d’Isabelle, l’enfance de George, sa jeunesse, la famille des Amberson… Mais les images qu’on en tire ne servent plus à rien, parce qu’elles ne peuvent plus s’insérer dans un présent qui les prolongerait en action : la ville s’est tellement transformée, la nouvelle motricité des automobiles a remplacé celle des calèches, le présent a si profondément changé que les souvenirs ne sont plus utilisables. C’est pourquoi le film ne commence pas par une mort, mais par un commentaire qui précède toute image, et qui trouve sa conclusion lorsque la chute de la famille s’est produite : « c’est fait, mais ceux qui voulaient y assister étaient morts, et ceux qui étaient vivants avaient oublié l’homme et ce qu’ils avaient souhaité ». Les souvenirs ont perdu tout prolongement, et ne servent même plus à réjouir les prophètes, les malveillants ou les vengeurs. La mort s’est si bien infiltrée qu’il n’y a plus besoin d’une mort au début. Toutes les évocations coïncident avec des morts, et toutes les morts coïncident avec la mort sublime du major, dans le courant du film : « il savait qu’il devait se préparer à pénétrer dans une région inconnue où il n’était même pas sûr d’être reconnu comme un Amberson ». [Deleuze Cinéma 2, 1985: 146-147]


Seminar 12/06/1984
[66-12/06/1984 - 1]

Et quand j’essayais d’établir une progression, dans les films de Welles, je disaist non, seulement, sur "la splendeur des Amberson" l’inutilité va être accusée encore plus, puisque - comme dit le vieux major, et comme dit la voix off : tout ça n’intéresse plus personne. Car ici, l’intérêt c’est tout à fait autre chose. Tantôt, l’image-souvenir est inutile, tantôt mieux, elle est inévoquable.

Vous me direz : qu’est ce qu’elles donnent, puisqu’elles ne donnent même pas d’images-souvenir ? A partir de - encore dans les "Amberson" ou dans "Citizen Kane", elles en donnent, même si c’est inutile - à partir de "la dame de Shangai", elles n’en donnent plus. Qu’est ce qu’elles donnent ? Elles ne - les nappes de passés virtuels, quand je m’installe en elles par ce saut dans le temps, qui n’est pas moins grand ni plus grand, que le saut que j’opère dans l’espace pour percevoir quelque chose hors de moi. [
Deleuze. Seminar 12/06/1984 [66-12/06/1984 - 1]





Deleuze, Gilles. Cinema 2: The Time Image. Transl. Hugh Tomlinson and Robert Galeta. London & New York: 1989.

Deleuze, Gilles. Cinéma 2: L'image-temps. Paris: Les éditions de minuit, 1985.

Deleuze, Gilles.
Seminar 12/06/1984 [66-12/06/1984 - 1]. La voix de Gilles Deleuze / Université Paris 8. http://www.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=361

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